Tisseuse De Liens

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L’art exquis de la création de tapis n’a pas de secrets pour Patricia Racine, notre Rug Expert. Elle nous raconte son parcours, sa passion pour ce magnifique métier et ses projets avec The Invisible Collection

Comment êtes-vous arrivée à ce métier ?

J’ai toujours été passionnée par l’art et la création, mais pour différentes raisons, j’ai choisi un parcours plus classique, et j’ai fait une école de commerce. Une expérience riche, très structurante, puisque j’ai appris à comprendre tous les aspects d’un business et ses enjeux, et aussi, à parler avec tous les interlocuteurs. Lors de mon entrée chez Kenzo, en charge du développement commercial, j’ai formé mon goût aux couleurs, aux textiles, à la créativité qui se renouvelle à chaque saison. Chez Kenzo, nous avons développé une ligne maison, des tissus et des coussins surtout, en pensant étoffer notre proposition avec des meubles. Mais le mobilier n’était pas notre métier… En revanche, j’ai pensé que je pouvais initier le développement d’une collection de tapis.

Pourquoi les tapis ?

Dans l’histoire, un des tout premiers meubles dans le quotidien d’une civilisation, c’est bien le tapis ! Me voilà en train de m’inventer un nouveau rôle de go-between entre une maison de mode et une maison spécialisée dans les tapis. Grâce à des amis communs, je suis entrée en contact avec la société hongkongaise Tai Ping – leader dans le secteur de la moquette et du tapis sur mesure – et très vite j’ai accepté d’en prendre la direction artistique, en créant des collections de tapis. J’y ai passé dix années extrêmement enrichissantes et très formatrices, où j’ai développé des compétences, et cette notion de collaboration entre art, design, mode… Je travaillais de manière intuitive en développant un style et un point de vue, en élargissant mon réseau, en affinant mon regard au contact des différentes cultures.

Comment avez-vous appris les techniques complexes de fabrication d’un tapis ?

J’aime dire que j’ai appris de la même façon qu’on apprend à tricoter avec sa mère : tout au long de mes collaborations avec les différentes manufactures, depuis Tai Ping à la manufacture Robert Four à Aubusson, j’ai toujours passé beaucoup de temps avec les artisans et prêté beaucoup d’attention aux designers pour repousser les limites de chaque savoir faire et comprendre… bref, j’apprenais en observant tous ces experts…

Qu’avez-vous appris lors de cette première expérience ?

Etre à l’écoute des différentes cultures de marché, comprendre les goûts des couleurs et des motifs de chaque pays en fonction de leur histoire. Les raisons du choix d’un tapis sont liées au confort visuel, au mode et au lieu de vie de chacun, à sa propre culture artistique. Mon rôle était d’être à l’affut de toutes les innovations et les tendances ; donc on repousse les limites techniques, on cherche des épaisseurs différentes, on ajoute de nouvelles matières, on réinterprète les motifs… J’ai fait ça pendant 10 ans, en explorant toutes les cultures et appris de nouvelles choses à chaque nouvelle commande.

Qu’est qui vous a poussé à revenir à France ?

L’incroyable savoir faire français qui était en train de disparaître. J’ai passé 10 années à travailler pour une société asiatique, je voulais revenir au cœur même de cet artisanat d’exception. Lors d’un de mes voyages à Aubusson, j’ai rencontré les responsables de Robert Four, une des dernières manufactures qui perpétue un savoir faire vieux de cinq siècles. Une entreprise à la fois très structurée et innovante : je me suis dit qu’avec eux j’allais créer des pièces hautement artistiques et relancer la tapisserie d’Aubusson, l’un des fleurons des arts décoratifs français.

Vous pensez qu’aujourd’hui il y a un intérêt pour la tapisserie ?

Absolument ! Il y a des clients partout dans le monde – américains, chinois, russes – qui découvrent ces œuvres magnifiques. Ils forment leur goût chez les antiquaires en achetant des tapisseries anciennes restaurées, mais peu à peu vont s’intéresser aux versions contemporaines. Et c’est cette idée de collaboration entre un client, un artiste et la manufacture Robert Four qui m’intéresse : créer de nouvelles œuvres d’art qui racontent leur temps. J’aime pouvoir m’adresser à des clients qui ont envie d’un produit cultivé qui fait référence au patrimoine et à l’art contemporain.

Qu’est-ce qui vous a séduit chez The Invisible Collection ?

Au-delà de l’aventure humaine, avec des personnes que j’estime, j’aime leur démarche. Une plateforme numérique qui peut communiquer et traverser les frontières, qui est donc présente partout, et qui offre une vraie valeur ajoutée de service et d’accompagnement du client : j’ai eu envie d’y mettre à disposition mon expertise…

Justement, parlez nous de cette valeur ajoutée

Dans mon expérience, on n’achète pas un tapis en boutique : avec The Invisible Collection nous allons raviver la notion de commande spéciale ! Nous pouvons faire travailler un artiste au service d’un projet spécifique pour un client. Ça commence toujours par l’écoute : selon les besoins et desiderata du client je vais donner des réponses et créer une pièce de mobilier bidimensionnelle, qui est aussi œuvre d’art.

Votre savoir faire additionné à celui de The Invisible Collection, égal à ….

Une vraie force de proposition créative ! Dans la création d’un tapis il y a le dessin, la texture, le motif, le jeu des fils et des matières… On entre dans une culture de personnalisation et d’invention de quelque chose de spécial, fabriquer du sur mesure pour chaque projet.

Il n’y a pas de tapis sans lieu, donc pour chaque commande on veut savoir l’usage, l’application et aussi l’inspiration, le désir, le besoin : quel en sera son usage : créatif, décoratif, fonctionnel ? Pour quelle pièce ? Le séjour, la chambre, un escalier, un patio ? On choisit un artiste ou un designer, on travaille sur un motif contemporain ou à une adaptation traditionnelle, on travaille la couleur, la texture… En ce moment, je suis en train de réunir pour The Invisible Collection les meilleurs artisans à travers le monde, pour que soient réunies les meilleures techniques de fabrication d’un tapis…

Sans trop entrer dans les détails, quelles sont ces techniques ?

Noué main persan, noué main Aubusson – qu’on appelle Savonnerie – noué main portugais, tufté-main, tissé plat, tapis outdoor, tapisserie… En ce qui concerne les nœuds, le geste est presque le même, ce qui varie ce sont la taille et la densité des nœuds pour obtenir un tapis plus ras ou plus épais, et aussi la complexité du motif, puisque plus il y a de détails, plus le nombre de nœuds augmente.

Racontez-nous en quelques mots comment naît un tapis

Un artiste ou designer dessine le motif qui servira de base pour exécuter le dessin technique. Cette tache est confiée à un spécialiste qu’on appelle peintre cartonnier. En fait le dessin technique reproduit fidèlement le dessin d’origine et représente chaque nœud. Aujourd’hui nous le faisons avec un logiciel qui peut l’agrandir à l’échelle 1:1, c’est ce qu’on appelle la maquette. Entretemps je fais une mise au point des fils et des couleurs, c’est-à-dire je choisis les matières – laine, soie, jute… – et je fais faire les teintures, puisque tous les fils sont bruts, nous faisons les teintures nous-mêmes et composons nos couleurs, c’est du vrai sur mesure ! Une fois tous les éléments réunis, commence la phase de tissage main, la reproduction de la maquette nœud à nœud, un processus qui peut prendre quelques mois…

Mais l’attente en vaut la peine !

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